Montréal, le 4 février 2015 — Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) poursuit vigoureusement le renouveau amorcé avec son 50e anniversaire en proposant le travail de trois artistes qui observent l’expérience humaine à travers des prismes révélateurs. D’abord, le public montréalais est invité à découvrir Pour la dernière et la première fois, une exposition en deux parties de Sophie Calle, artiste conceptuelle française qui compte parmi les créateurs les plus importants de sa génération. Le MAC est également heureux d’accueillir l’exposition Simon Starling : Métamorphologie, une initiation à la démarche de cet artiste britannique, lauréat du prestigieux prix Turner en 2005, dont le travail axé sur l’idée de métamorphose repose sur des recherches exhaustives. Enfin, les visiteurs sont conviés à voir le film-essai The Forgotten Space de l’artiste et théoricien de l’art américain Allan Sekula, réalisé en collaboration avec Noël Burch, qui nous guide dans le monde fascinant du transport maritime mondial et de ses répercussions sur les sphères socio-économique et écologique. Les expositions Sophie Calle et Simon Starling sont présentées du 5 février au 10 mai, alors que The Forgotten Space sera en salle jusqu’au 15 mars.
Pour la dernière et la première fois de Sophie Calle
Sophie Calle, artiste française de réputation internationale, fait une entrée somptueuse au MAC avec Pour la dernière et la première fois, exposition d’une grande sensibilité qui réunit deux projets récents : La Dernière Image (2010), une série de photographies accompagnées de textes, et Voir la mer (2011), une suite de films numériques.
Ces deux corpus s’inscrivent dans la continuité d’une œuvre réalisée par Calle en 1986 et qui s’intitulait Les Aveugles. L’artiste avait alors demandé à un aveugle de décrire la beauté. Sa réponse : « La plus belle chose que j’aie vue, c’est la mer, la mer à perte de vue. » C’est à Istanbul que, toutes ces années plus tard, Calle a choisi de poursuivre son enquête poétique sur la cécité, la beauté et la mer. L’installation, elle-même bercée par le bruit des vagues, propose d’abord La Dernière Image, série photographique empreinte de mélancolie pour laquelle Calle a demandé à des gens subitement atteints de cécité d’évoquer leur dernier souvenir visuel. Pour Voir la mer, elle a pris contact avec des istanbuliotes qui ne s’étaient jamais rendus à la mer, même s’ils vivent dans une ville entourée d’eau. Elle a filmé chacune de ces captivantes et mémorables rencontres maritimes.
Depuis plus de trente ans, Sophie Calle a recours à la photographie, à l’écriture, à la vidéo et à la performance pour livrer des œuvres audacieuses, voire troublantes, qui captent et racontent des moments vibrants de vérité humaine. « Entre public et privé, art et vie, abandon émotionnel et procédure clinique », souligne John Zeppetelli, son art nous convie à un dialogue ouvert. L’exposition présentée au MAC est caractéristique de la démarche d’une artiste qui, dans des œuvres au fil narratif complexe, sait donner des résonances universelles à des sujets ancrés dans le vécu individuel.
Pour la dernière et pour la première fois a été présentée en 2011 à la 12e Biennale d’Istanbul, au Musée Sakip Sabanci; puis en 2012 aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, à la Chapelle Saint-Martin du Méjan, et à la Biennale de Shanghai; plus récemment en 2013 au Musée d’art contemporain de Hara, à Tokyo. Sophie Calle a notamment présenté son travail au Castello di Rivoli, à Turin (2014); au Isabella Stewart Gardner Museum, à Boston (2013); au Musée d’art moderne Louisiana, à Humlebaek, au Danemark et au Palais de Tokyo, à Paris (2010); à la Whitechapel Art Gallery, à Londres et au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (2009); et enfin au Centre Pompidou, à Paris (2003). Elle a représenté la France lors de la 52e Biennale de Venise (2007). Ses œuvres figurent dans les collections du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, à Paris; du Guggenheim Museum, à New York; de la Tate Gallery, à Londres; du Los Angeles County Museum of Art; et du Metropolitan Museum of Art, à New York.
Commissariat
Josée Bélisle, conservatrice de la Collection du MAC, est la commissaire de Pour la dernière et la première fois.
Simon Starling : Métamorphologie
C’est avec fierté que le MAC se fait l’hôte d’une exposition consacrée à Simon Starling, lauréat du prix Turner en 2005. Même si ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde et ont trouvé leur place dans les plus importantes collections du globe, aucune exposition d’envergure ne lui avait été consacrée jusqu’à récemment en Amérique. Organisée par le Museum of Contemporary Art Chicago, Simon Starling : Métamorphologie propose un regard rétrospectif sur sa production des quelque dix dernières années.
L’exposition rassemble, entre autres, Bird in Space 2004 (2004), une plaque de deux tonnes où se croisent deux moments, soit une controverse autour d’une sculpture de Brancusi en 1923 et la hausse de la taxe sur l’acier importé décrétée aux États-Unis en 2004; The Long Ton (2009), deux blocs de marbre, l’un d’Italie et l’autre de Chine, suspendus au plafond; et Flaga 1972-2000 (2002), une Fiat 126 accrochée au mur.
L’installation Project for a Masquerade (Hiroshima) (2010-2011) réunit des personnages aussi singuliers et divers que James Bond, Henry Moore, sir Anthony Blunt, le colonel Sanders et un fabricant japonais de masques nô. Tableaux pour une exposition, suite de trente-six épreuves à la gélatine argentique, témoigne d’une recherche historique et photographique de Starling. À partir de deux images d’archives, l’artiste a retracé le chemin parcouru par des sculptures de Constantin Brancusi, depuis leur présentation en 1927 dans une exposition à l’Arts Club of Chicago jusqu’à nos jours. Les ayant retrouvées, il les a photographiées à leurs emplacements actuels : résidences de collectionneurs, réserves de musées ou salles d’expositions.
Simon Starling explore l’idée de récurrence à partir de deux axes principaux : les matériaux et outils de son métier ainsi que les principes de cycle, de circuit et de circulation. Fin observateur, il s’intéresse à différents processus de transformation, notamment la notion de métamorphose et le pouvoir régénérateur de l’art. ses images, sculptures et installations s’appuient sur une recherche historique souvent centrée sur de grandes figures modernistes, telles que Henry Moore, Constantin Brancusi et Marcel Duchamp. Dans ces récits, « art et design, science, enjeux environnementaux ou économiques mondiaux sont pimentés d’un humour léger, mélange singulier de sérieux et d’ironie », note John Zeppetelli. S’il est vrai que ces œuvres sollicitent le regard attentif du spectateur, celui-ci peut en apprécier pleinement les riches réverbérations historiques grâce aux titres et aux généreuses descriptions qui les accompagnent.
Né en 1967 à Epsom, au Royaume-Uni, Simon Starling vit et travaille à Copenhague. Formé à la Glasgow School of Art, c’est là qu’il a acquis une réputation internationale. Ses œuvres, souvent in situ, ont fait l’objet de nombreuses expositions en Europe, en Asie et en Australie. Simon Starling a été sélectionné pour le prix Hugo Boss en 2004 et a obtenu le prix Turner en 2005.
Simon Starling : Métamorphologie est organisée, sous le commissariat de Dieter Roelstraete, par le Museum of Contemporary Art de Chicago. Tableaux pour une exposition a été mis sur pied par l’Arts Club of Chicago.
Commissariat
Conservatrice au Musée d’art contemporain de Montréal, Lesley Johnstone est la commissaire de Simon Starling : Métamorphologie.
Programmes publics
Une rencontre avec l’artiste Simon Starling et la commissaire de l’exposition, Lesley Johnstone, aura lieu le mercredi 4 février à 16 h dans la salle
Beverley Webster Rolph. Cette rencontre se tiendra en anglais et elle est accessible gratuitement.
De plus, dans le cadre de l’exposition Simon Starling : Métamorphologie, le MAC présentera le 9e Colloque international Max et Iris Stern les 27 et
28 mars 2015.
The Forgotten Space d’Allan Sekula et de Noël Burch
Enfin, le public est invité à renouer avec un « espace oublié » par lequel transite presque 90 % du commerce mondial, c’est-à-dire l’océan, qu’on
a tendance à oublier jusqu’à ce qu’un désastre s’y produise. Dans The Forgotten Space, les réalisateurs Allan Sekula et Noël Burch se sont penchés sur le sujet brûlant du transport maritime par conteneur, invention américaine des années 1950 qui ne cesse de s’imposer partout dans le monde, entraînant dans son sillage de nombreuses et parfois douloureuses conséquences.
« Dans le monde en apesanteur du capital électronique, où l’argent semble voyager dans l’éther et où les profits se calculent en nanosecondes, il est facile d’oublier le labeur de millions de gens dans le monde engagés dans le commerce maritime », explique John Zeppetelli. Ce long métrage fouillé et fascinant nous guide à travers le monde – de Rotterdam à Hong Kong, de Los Angeles à Bilbao, en passant par la province chinoise du Guangdong – au fil de nombreuses interviews et de commentaires qui nous parlent des 100 000 navires et du million et demi de marins qui unissent le monde par le commerce.
Le photographe, écrivain, réalisateur et théoricien de l’art Allan Sekula, né en 1951 à Érié, en Pennsylvanie, est décédé en 2013 à Los Angeles. Dès le début de sa formation à l’université de San Diego, où il a suivi les cours du philosophe marxiste Herbert Marcuse, il s’est appliqué à la critique des mécanismes du capitalisme. Il a publié de nombreux écrits, dont Fish Story (1995), fresque de l’économie maritime mondiale composée de photographies et de textes. Plusieurs musées, dont le Witte de With, de Rotterdam, ont consacré des expositions individuelles à cet immense travail d’enquête.
Américain né à San Francisco en 1932, Noël Burch vit et travaille en France depuis 1951. Il est connu pour ses nombreux écrits théoriques sur le cinéma réunis dans La lucarne de l’Infini et Praxis du cinéma. Il a réalisé six autres films, dont La Fiancée du danger, en 2005, et Cuba entre chien et louve, en 1997.
The Forgotten Space (2010) a remporté le prix du Jury de la section Orizzonti du Festival de Venise 2010.
Commissariat
Louise Simard, responsable des créations multimédias au Musée d’art contemporain de Montréal, est commissaire de The Forgotten Space.
Ateliers de création
Dans ces lieux propices à l’invention que sont les Ateliers de création, les participants donnent libre cours à leur imagination en réalisant leurs propres créations inspirées par une œuvre exposée au Musée tout en expérimentant des techniques, des médiums et des matériaux différents. Pour obtenir la programmation complète, consultez le www.macm.org sous la rubrique « Éducation ».
Visites commentées sans réservation
Des visites commentées pour les visiteurs sont offertes les mercredis soir et les dimanches.
Mercredi : 17 h, 18 h et 19 h 30 (en français); 18 h 30 (en anglais)
Dimanche : 13 h 30 (en anglais); 15 h (en français)
Heures d’ouverture
Pour favoriser la visite du MAC en fin de journée et les fins de semaine, on rappelle que les heures d’ouverture sont prolongées. Le Musée d’art contemporain est maintenant accessible le mardi de 11 h à 18 h; les mercredi, jeudi et vendredi de 11 h à 21 h et le week-end de 10 h à 18 h.
Remerciements
Le Musée d’art contemporain de Montréal remercie chaleureusement le Consulat général de France à Québec pour son appui à l’exposition Pour la dernière et pour la première fois de Sophie Calle, de même que le British Council pour son appui à l’exposition Simon Starling : Métamorphologie.
Le Musée d’art contemporain de Montréal est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et il bénéficie de la participation financière du ministère du Patrimoine canadien et du Conseil des arts du Canada. Le Musée les remercie ainsi que Collection Loto-Québec, partenaire principal du Musée. Le MAC remercie son partenaire média, La Presse+.
Source et renseignements
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Anne Dongois
T. 514 826-2050
[email protected]