Fondamentale, la couleur est au cœur de cette seconde occurrence de la série Autour de l’abstraction. Saturée, opaque ou transparente, « linéaire », dense ou immatérielle, elle caractérise de manière intrinsèque chacune des œuvres de l’exposition. Qu’elle soit intense ou estompée, la couleur revêt ainsi de multiples fonctions : structurale, référentielle, symbolique, voire anecdotique.

L’exposition réunit 16 œuvres réalisées entre 1967 et 2010 par les artistes québécois Nicolas Baier, Pierre Dorion et Roland Poulin ; canadiens Jack Bush et Ron Martin ; français Daniel Buren et Bernard Frize ; américains Gary Hill, Alfredo Jaar, Sol LeWitt, Kenneth Noland et Shinique Smith ; et néerlandais Pieter Laurens Mol. Plusieurs mouvements et disciplines y sont représentés : abstraction informelle, gestuelle ou géométrique, art minimal, art conceptuel ; peinture,  sculpture, photographie, installation…

Kenneth Noland, Jack Bush, Ron Martin et Bernard Frize dynamisent en tous points la surface picturale par le recours à la grille orthogonale, à la logique de l’oblique et à l’étagement de chevrons, à l’accumulation systématique de traits de couleur ou encore à la liquéfaction et à la dispersion de cette dernière. Pierre Dorion recrée, en le fragmentant, un nouvel et vaste espace pictural. Daniel Buren investit et revisite les lieux et les configurations par la répétition de bandes verticales colorées. Pieter Laurens Mol insère à sa grille monumentale des aplats de couleur bleue, réminiscence de Mondrian et de Klein, références directes à l’histoire de l’art. Alfredo Jaar enchâsse et dissimule dans l’opacité de boîtes noires juxtaposées les images intolérables d’un massacre. Nicolas Baier propose la vision du tableau noir effacé et sali comme écran de tous les possibles. Chez Shinique Smith, l’accumulation de ballots de vêtements noirs trouvés, neufs ou usagés devient un monument minimaliste baroque dédié aux mythologies personnelles. Sol LeWitt décline en noir et blanc (légèrement bleuté), comme en filigrane, l’exploration de figures géométriques réduites à leur plus simple expression. Enfin, Roland Poulin enveloppe d’une polychromie singulière, mauve et pourpre, un imposant volume rectiligne évoquant, dans l’élan énergétique, l’idée de la progression vers l’infini.

Commissarié par : Josée Bélisle, conservatrice de la collection