Au cours des vingt dernières années, l’artiste polonais Artur Zmijewski a réalisé un important corpus d’oeuvres d’une grande intensité émotionnelle. Na ślepo/Aveuglément, présenté dans l’exposition Il Palazzo Enciclopedico à la dernière Biennale de Venise, a été réalisé avec des aveugles lors d’un atelier de peinture donné par Zmijewski en 2010.

Biographie

Né à Varsovie en 1966, Artur Zmijewski a étudié la sculpture à l’Académie des beaux-arts de Varsovie avant de compléter sa formation à l’Académie Gerrit Rietveld, à Amsterdam. Ses années de formation, profondément marquées par l’affranchissement de la Pologne du joug soviétique et par la fin de la guerre froide, l’entraînent vers une pratique radicalement novatrice. Son esthétique, sans tabou, s’affirme dans le choix de ses sujets : des thèmes peu ou pas représentés dans la culture visuelle contemporaine ; des êtres opprimés, affligés par une maladie dégénérative, ou bridés par un handicap mental ou physique. En 2001, Zmijewski travaille avec un groupe d’adolescents sourds-muets pour former une chorale improbable qu’il filme dans une église de son pays. En 2003, il répète l’exercice à Leipzig, en Allemagne, dans l’église de Jean-Sébastien Bach. Ces deux Leçons de chant ont été présentées au Musée, dans le cadre de la série Projections, en 2008. Na ślepo/Aveuglément, réalisé en 2010 avec des aveugles pour lesquels Zmijewski avait organisé une session de peinture qu’il a filmée, poursuit ce même projet qui interroge la faculté de perception et le droit à l’expression. Deux femmes et quatre hommes aveugles, de naissances ou non, guidés par Zmijewski, sont invités à peindre un paysage, un insecte, leur maison ou leur propre image ; ils interagissent avec le médium de la peinture, avec la couleur ; ils disent ce qu’ils sont en train de faire, le genre d’image qu’ils peignent, et parlent de leur réalité d’êtres aveugles, expliquant comment ils le sont devenus. Na ślepo/Aveuglément, pose une réflexion sur le relais des sens dans les processus de reconnaissance — voir, être vu — et, à l’instar de l’ensemble de l’oeuvre de Zmijewski, sur notre condition humaine.

Commissarié par : Louise Simard