Montréal, le 18 mai 2016 — C’est avec une immense fierté que le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) présente, du 19 mai au 25 septembre 2016, l’œuvre d’Edmund Alleyn, artiste québécois majeur qui a influencé plusieurs créateurs de la génération suivante et dont la place dans l’histoire de l’art québécois mérite d’être illuminée. Première rétrospective consacrée à l’artiste depuis son décès en 2004 et réunissant quelque 60 œuvres, Edmund Alleyn : Dans mon atelier, je suis plusieurs présente une « œuvre brillante et profonde maintenant considérée comme l’une des plus importantes transitions dans l’évolution de l’esthétique au Québec », explique John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC.

Une démarche protéiforme

Né à Québec en 1931, Edmund Alleyn étudie auprès de Jean Paul Lemieux au début des années 1950 avant de s’établir à Paris en 1955. Quand il reviendra au pays pour de bon, à Montréal, en 1971, il sera à même de constater les importants changements survenus dans la société québécoise. Homme farouchement libre et intéressé par les événements qui secouent le monde, il le sera aussi dans sa démarche artistique, n’hésitant pas à changer de styles et refusant d’adhérer à quelque mouvement que ce soit. « J’ai eu plusieurs vies », confiera-t-il. L’exposition qui lui est consacrée se veut un reflet de ce parcours protéiforme, ponctué de ruptures et d’expérimentations, que viennent éclairer une soixantaine d’œuvres – peintures, dessins, films et œuvres technologiques – créées de la fin des années 1950 jusqu’au début des années 2000. Il précisera pourtant : «  Ce n’est pas la nouveauté qui m’intéresse, c’est l’intensité. »

La contemporanéité d’une œuvre

«En plus de renouer avec les expositions monographiques à caractère historique, Dans mon atelier, je suis plusieurs met en lumière comment la contemporanéité ou l’actualité de la pratique d’Edmund Alleyn ne se limite pas à son inscription dans le temps présent », souligne Mark Lanctôt, conservateur au MAC et commissaire de l’exposition. Au-delà de sa capacité à saisir l’esprit de son époque, il a en fait incarné plusieurs temps. « Je suis Monsieur Toujours », dira-t-il. À Paris, dans les années 1950, il s’adonne à la peinture abstraite et questionne les rapports entre l’individu et la collectivité. En 1963, il amorce une période durant laquelle les motifs et les symboles qui habitent ses toiles se rapprochent de ceux des cultures autochtones. À la fin des années 1960, c’est le contrôle croissant exercé par la technologie et les médias qui l’interpelle ; cette démarche culmine avec la réalisation d’une sculpture-habitacle, l’Introscaphe, qui sera installée pendant un mois au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. La création constitue l’une des premières œuvres multimédias jamais créées (elle remonte à 1970) et consiste en une sculpture ovoïdale dans laquelle le spectateur est invité à pénétrer et à vivre une expérience polysensorielle, véritablement immersive. À son retour au Québec en 1971, il entreprend sa Suite québécoise : des installations représentant des personnages réalistes peints sur plexiglas , qu’il réalise à partir de photos d’individus prises dans la foule et qu’il campe  devant des représentations kitsch de couchers de soleil. Au sujet de la série Indigo, produite au cours des années 1980, il dira : « [Avant] je peignais à partir d’une interrogation sur la société et son fonctionnement. Aujourd’hui, il s’agit d’un retour à l’individu, à l’individu secret ; d’où une iconographie sans repère temporel précis et des espaces qui favorisent l’intériorisation. » Sa quête pour l’intériorisation se poursuivra dans la série des Éphémérides réalisée entre 1998 et 2004.

«Dans mon atelier, je suis plusieurs est une exposition qu’il faut regarder avec des yeux de 2016. Je pense que le travail d’Edmund Alleyn, bien qu’il ait parfois 50 ans, parle à une époque très actuelle. Comme artiste, il était déjà en dialogue avec le futur. Les œuvres technologiques, par exemple, trouvent aujourd’hui une résonance directe avec le monde qui nous entoure », explique Jennifer Alleyn, cinéaste, auteure et photographe et fille d’Edmund Alleyn.

Autour d’Edmund Alleyn : une série de conversations publiques

En plus de l’exposition consacrée à l’artiste, le MAC soulignera l’importance d’Edmund Alleyn par une série de conversations publiques au sujet de l’artiste et de son œuvre. Le sujet des discussions sera notamment l’impact qu’Alleyn a eu sur son entourage, ainsi que son influence sur l’art contemporain québécois. Parmi les participants on compte la cinéaste, auteure et photographe Jennifer Alleyn, les artistes Geneviève Cadieux, Pierre Dorion, Michel Goulet, Suzanne Pasquin, Leslie Reid et Denis Rousseau, le commissaire indépendant Vincent Bonin en plus d’autres invités à confirmer.

Biographie

Né à Québec en 1931 dans la communauté anglo-irlandaise, Edmund Alleyn étudie à l’École des beaux-arts de Québec auprès de Jean Paul Lemieux et de Jean Dallaire. En 1955, il remporte le Grand Prix au concours artistique de la Province de Québec et une bourse de la Société royale du Canada. En 1958, il fait partie de la délégation canadienne à la Guggenheim International Award. En 1959, il remporte la médaille de bronze à la Biennale de São Paulo. En 1960, il est sélectionné pour représenter le Canada à la Biennale de Venise. Alleyn séjourne en France de 1955 à 1970 où il passe de l’abstraction à la figuration, puisant dans la symbolique amérindienne pour finalement se réorienter vers une imagerie issue de l’univers de la technologie. À son retour au Québec, l’artiste est frappé par les changements qui s’y sont opérés pendant son absence et son œuvre en porte des manifestations. En 1990, il expose la série Indigo, à la Galerie des Arts Lavalin et au 49e Parallèle à New York. Au Musée des beaux-arts de Sherbrooke en 2004, il présente son ultime série Les Éphémérides qui comprend douze grands formats sur toile ainsi que des lavis. Il est décédé le 24 décembre 2004 à l’âge de 73 ans.

Commissariat

Le commissaire de l’exposition est Mark Lanctôt, conservateur au MAC.

Catalogue

L’exposition bénéficie d’un important ouvrage de 216 pages, abondamment illustré. Mark Lanctôt, commissaire de l’exposition, signe un essai de même que Gilles Lapointe, Olivier Asselin et Aude Weber-Houde, et Vincent Bonin. L’ouvrage comporte également une chronologie et une bibliographie établies par Gilles Lapointe. Ce catalogue est disponible à la boutique du MAC au coût de 39,95 $.

Jean-Pierre Gauthier et Ryoji Ikeda : Orchestré

Du 19 mai au 30 octobre 2016, les visiteurs auront aussi la chance d’admirer deux acquisitions faites récemment qui offrent deux points de vue différents sur la musique et sur des formes autres d’orchestration visuelle, dans le cadre de l’exposition Jean-Pierre Gauthier et Ryoji Ikeda : Orchestré. Ces installations ont été réalisées par Jean-Pierre Gauthier, artiste établi à Montréal, et par Ryoji Ikeda, compositeur et artiste visuel japonais vivant à Paris. Bien que leurs protocoles de travail et leurs matériaux diffèrent, les deux artistes partagent un intérêt pour les questions liées à la répartition, à la composition et à l’arrangement.


Remerciements

Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et il bénéficie de la participation financière du ministère du Patrimoine canadien et du Conseil des arts du Canada. Le Musée les remercie sincèrement de leur appui. Enfin, le MAC remercie ses partenaires Loto-Québec et Ubisoft Montréal de même que son partenaire média La Presse.

Source et renseignements

Anne Dongois
T. 514 826-2050
[email protected]