Dans le cadre de son exposition au MAC, l’artiste Nelson Henricks a conçu un programme de projections de films d’Andy Warhol en trois parties qui sera présenté à la Cinémathèque québécoise les 26, 27 et 28 janvier prochains.

Les projections seront précédées d’une présentation de Nelson Henricks et d’Ara Osterweil, professeure au Département d’anglais de l’Université McGill, et suivies d’une période d’échanges avec le public.

Programmation 

Jeudi 26 janvier à 18h30

  • Outer & Inner Space, 33 min
  • Velvet Underground in Boston, 33 min

Vendredi 27 janvier à 20h30

  • Haircut, 24 min
  • Kiss, 54 min

Samedi 28 janvier à 18h30

  • Mario Banana #2, 4 min
  • The Velvet Underground & Nico, 67 min

Informations et réservation : 

  • Tarifs de la programmation régulière de la Cinémathèque québécoise
  • Lieu : Cinémathèque québécoise, 335 Boul. de Maisonneuve E, Montréal, QC
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Le programme de films de Warhol à la Cinémathèque québécoise constitue un contrepoint à la série Screen Tests, présentée au Musée d’art contemporain de Montréal (MAC). Les films sélectionnés par Nelson Henricks pour la Cinémathèque jettent un éclairage sur les Screen Tests au moyen de divers axes thématiques. Tout d’abord, une bonne part des sujets des Screen Tests – acteurs, mannequins et musiciens – figurent dans les films de la Cinémathèque. C’est le cas de Rufus Collins et Jane Holzer dans Kiss (1963), de Mario Montez dans le pseudo screen test (bout d’essai) Mario Banana (n°2) (1964) et de plusieurs membres du groupe Velvet Underground dans The Velvet Underground and Nico (1966) et The Velvet Underground in Boston (1967). Ces deux derniers films, qui montrent le groupe jouant respectivement à la Silver Factory de Warhol à New York et au Boston Tea Party, introduisent le deuxième axe thématique : la musique et le son. À Boston, on peut voir le groupe se produire sur scène, avec des projections de lumière psychédélique et un projecteur mobile, les films de Warhol servant d’accompagnement visuel. Certains des Screen Tests présentés au MAC ont été réalisés spécifiquement pour être diffusés lors de concerts et de happenings. Les mouvements de caméra et la méthode de projection dynamique que l’on peut voir dans The Velvet Underground in Boston font écho aux zooms de caméra que l’on retrouve dans les bouts d’essai de Lou Reed, Sterling Morrison et John Cale au MAC. Les concerts en direct et les happenings ouvrent la voie au troisième axe du programme de la Cinémathèque : le cinéma élargi. Avec ses événements Exploding Plastic Inevitable et ses expériences de projection sur double écran dans des films comme Chelsea Girls (1966), Warhol a créé des environnements multisensoriels. Outer and Inner Space (1965) est un bon exemple de son exploration du cinéma élargi. Cette œuvre, parmi les premières où Warhol emploie une approche filmique spatialisée, offre un rare aperçu de ses expériences avec la toute récente technologie vidéo portable. En outre, Outer and Inner Space fonctionne également comme un bout d’essai, bien que son sujet – Edie Sedgwick – soit multiplié par quatre. Le dernier axe thématique du programme de la Cinémathèque est la structure. L’exposition Screen Tests, présentée au MAC, rassemble 15 bobines de 4 minutes en un programme continu. Les films Kiss et Haircut (1963) ont été réalisés de manière similaire. Dans les deux cas, Warhol a utilisé plusieurs bobines de pellicule au cours du tournage, qu’il a ensuite montées bout à bout pour en faire une œuvre plus longue. Par leur structure temporelle épisodique, ces deux films muets renvoient au programme des Screen Tests. Ils montrent, chacun à leur manière, comment Warhol a déployé cette stratégie dans ses premières expériences avec le montage, la durée et la narration.

Né à Bow Island, en Alberta, en 1963, Nelson Henricks vit et travaille à Montréal depuis 1991. Principalement connu pour son travail vidéographique, il a développé une approche multidisciplinaire (peinture, sculpture, écriture) afin de mieux explorer comment les informations audiovisuelles provenant de différentes sources se chevauchent et s’influencent mutuellement. Il a enseigné l’histoire de l’art et la production vidéo à l’Université Concordia. Son travail a été présenté de façon soutenue au Canada et ailleurs dans le monde depuis le début des années 1990. Ses œuvres font partie des collections du Museum of Modern Art de New York, du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée des beaux-arts du Canada, ainsi que de plusieurs collections d’entreprise et particulières. Il est représenté par Paul Petro Contemporary Art, à Toronto.

Ara Osterweil est peintre abstraite, écrivaine, chercheuse et critique. Elle est également professeure agrégée en études culturelles au Département d’anglais de l’Université McGill, où elle dirige en outre le programme de cinéma du monde. Son premier livre, Flesh Cinema: The Corporeal Turn in American Avant-Garde Film, s’intéresse à la représentation de la sexualité et de l’amitié queer dans le cinéma expérimental des années 1960 et 1970. Elle collabore fréquemment à Artforum et a publié de nombreux essais dans des revues telles que Camera Obscura, Art Journal, Los Angeles Review of Books, Border Crossings, C magazine, Film Quarterly, Little Joe, Framework et Millennium Film Journal. Elle a également beaucoup publié sur Andy Warhol et son entourage, notamment dans l’ouvrage récent The Films of Andy Warhol, Catalogue Raisonné.