Dans le cadre de son exposition, Nelson Henricks a soigneusement composé un programme de 15 Screen Tests, produits par Andy Warhol entre 1964 et 1966. Cette sélection met en relation la pratique des deux artistes. Dans son installation Heads Will Roll, Henricks présente les corps et les visages de performeurs de façon à les investir d’une monumentalité, ou d’une sculpturalité, telle qu’il la perçoit chez les sujets des Screen Tests de Warhol. Au-delà de l’esthétisme, ce parallèle trouve aussi écho dans les notions queers et dans le recours à une communautés d’acteurs/d’agents.
Activité disponible dans le cadre d’une visite de l’exposition Nelson Henricks.
Mot du commissaire
Andy Warhol (1928-1987) s’est surtout fait connaître comme artiste du pop art, mais il n’était pas que peintre. Entre 1963 et 1968, Warhol et ses associés à la Silver Factory de New York ont réalisé des centaines de films. Certains d’entre eux sont légendaires en raison de leur simplicité minimaliste ou de leur contenu érotique. D’autres sont célèbres à cause de leur extrême longueur, avec des durées allant jusqu’à cinq, huit, voire vingt-cinq heures.
Warhol a également réalisé des courts-métrages. Ses 362 Screen Tests (1964-1966), dont la durée moyenne est de 4 minutes, sont en fait les portraits de 189 personnes gravitant autour de lui, dont plusieurs ont été filmées à de multiples reprises. Nous en présentons ici une petite sélection. Si l’on inclut les 107 films faits pour le projet inachevé Six Months (1964-1965), le nombre total des Screen Tests s’élève à 471. Il faudrait environ vingt-quatre heures pour projeter, l’un après l’autre, tous les bouts d’essai authentifiés; ce corpus rivaliserait avec les autres œuvres de longue durée créées par Warhol.
La formule de base pour un bout d’essai était simple : les gens devaient s’asseoir devant la caméra et rester immobiles jusqu’à l’épuisement de la pellicule. Certaines œuvres dans la série ne suivent pas cette règle en raison du côté rebelle du sujet filmé, de la technique tourné-monté (in-camera) utilisée ou du mouvement de la caméra. Dans leur adhésion aux stratégies minimalistes ou conceptualistes, les films de Warhol ont bouleversé le cinéma underground et anticipé les premières expérimentations en art vidéo.
La présentation d’un programme de films de Warhol vient avec le poids du mythe warholien. Selon moi, ces films représentent la version la plus effacée de Warhol. Opérait-il la caméra ou était-ce fait par quelqu’un de son équipe? Mettait-il la caméra en marche et quittait-il ensuite la pièce (comme on dit qu’il l’aurait fait)? De toute manière, l’artiste prend un pas de recul et le sujet qui est à l’écran nous submerge. Je ne regarde pas un film de Warhol. J’observe quiconque apparaît à l’écran. La présence de l’auteur s’évapore ou devient assez fluide pour que les sujets commencent à cosigner l’œuvre. Ainsi, Screen Tests penche du côté de la reconnaissance intersubjective. Que signifie regarder et être l’objet d’un regard? Que peut-on apprendre en regardant le visage d’une personne? Que devient-on quand on se compose pour le regard d’un autre?
Nelson Henricks, commissaire du programme des Screen Tests
Programme
Sterling Morrison [ST224] | 4 min |
Donyale Luna [ST195] | 4.5 min |
Dennis Hopper [ST153] | 4.5 min |
Nico [ST246] | 4.3 min |
Kyoko Kishida [ST 183] | 4.5 min |
John Cale [ST40] | 4.1 min |
Jane Holzer [ST142] | 4.5 min |
Rufus Collins [ST61] | 4.3 min |
Marian Zazeela [ST362] | 4.5 min |
Noburo Nakaya [ST 229] | 4.5 min |
Lou Reed [ST265] | 4.4 min |
Mario Montez [ST222] | 4.5 min |
Deverne Bookwalter [ST027] | 4.5 min |
Maureen Tucker [ST344] | 4 min |
Philip Fagan [ST95] | 4.5 min |
Collaboration
Rendu possible grâce à la collaboration du Andy Warhol Museum, Pittsburgh, É.-U., un musée du Carnegie Institute.